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Saint-Ouen met en place un congé menstruel

19/04/2023

Une première nationale pour une collectivité territoriale, la ville de Saint-Ouen a mis en place, dès le 27 mars 2023, un congé menstruel pour les agentes de la municipalité. C’est environ 1200 femmes qui pourront désormais bénéficier de deux jours de congé par mois, sans présentation d’un justificatif médical et sans perte de salaire. Cette décision a été prise par le maire Karim Bouamrane du Parti socialiste, qui considère que c’est à la fois une “question de qualité de vie au travail” et un “enjeu de santé des femmes”.

Instauration d’un congé menstruel par la ville de Saint-Ouen

Karim Bouamrane a annoncé la mesure, très symboliquement, ce 8 mars pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, avoir été sensibilisé à la question du congé menstruel par des militantes féministes. Il avance, ainsi, qu’une femme sur dix en âge de procréer est atteinte d’endométriose et une femme sur deux souffre de règles douloureuses.

Le maire a également reposé sa décision sur la récente législation en Espagne ayant posé un socle juridique clair au congé menstruel avec un vote des députés pour une loi prévoyant un congé menstruel pris en charge par la Sécurité sociale. L’Espagne est effectivement le premier pays en Europe à intégrer cette mesure à sa législation.

Saint-Ouen un congé menstruel

Le congé menstruel prendra la forme d’une autorisation spéciale d’absence de deux jours, “formalisée au même titre que les RTT, que les congés enfant malade ou les congés individuels de formation” et sans passage nécessaire par le médecin. Il ne s’agit donc pas d’une décision discrétionnaire d’un manager ou responsable.

Il s’appliquera aux femmes souffrant de règles douloureuses incapacitantes ou d’endométriose, soit statistiquement entre 500 à 600 femmes pour la commune de Saint-Ouen.

L’objectif est d’arrêter de stigmatiser les femmes souffrant de règles douloureuses faire en sorte que toutes les villes, toutes les collectivités territoriales puissent bénéficier de ce congé menstruel y compris les petites communes de moins de 2 500 habitants n’ayant pas les moyens financiers d’acter des mesures telles que le congé menstruel pour l’égalité femmes-hommes. Ainsi, la municipalité a enjoint le Président de la République a généraliser le processus et promouvoir un cadre législatif. De même, une convention avec l’AP-HP a été signée afin de faire suivre l’endométriose via des consultations de gynécologues spécifiques.

Faut-il mettre en place un congé menstruel ?

Le principe d’un congé menstruel ne fait pas consensus auprès des associations féministes et plusieurs voix s’élèvent pour mettre en doute la pertinence d’un tel congé en arguant de considérations égalitaires.

En effet, certaines féministes craignent qu’un congé octroyé tous les mois aux femmes entraîne une aggravation des inégalités à l’embauche. Pour cause, si un congé menstruel de 2 jours par mois est octroyé aux personnes menstruées, cela représente 24 jours de congé menstruel par an. À titre de comparaison, cela représente presque l’équivalent d’un cinquième des congés annuels légaux en France qui sont de 25 jours ouvrables par an pour un travail à temps plein.

Cependant, il est important de souligner que cette mesure ne s’ajoute pas aux congés annuels légaux, mais vise plutôt à permettre aux femmes souffrant de règles douloureuses de prendre des congés supplémentaires pour des raisons médicales.

Pour Ophélie Latil, la cofondatrice du collectif Georgette Sand, “le congé menstruel est une fausse bonne idée. C’est une mesurette qui occulte la nécessité d’une vision d’ensemble concernant la santé des femmes au travail, un chantier bien plus vaste”. À quoi Karime Bouamrane rétorque : “Qu’on cesse cette souffrance en silence, voire ce déni de souffrance”.

Dans la même veine, certaines voix considèrent que le congé menstruel ne ferait que renforcer la stigmatisation des personnes menstruées et enfermer les femmes dans un rôle de victime.

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A contrario, Caroline Haas considère que “le congé menstruel est un symbole de l’égalité des sexes au travail. Les femmes ont des corps différents et doivent pouvoir prendre soin d’eux-mêmes sans être pénalisées. Offrir un congé menstruel, c’est montrer que l’on prend soin de ses employés et de leurs besoins spécifiques, quels qu’ils soient.”