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Les règles dans l’art

26/08/2021

Le 21 mai dernier, dans son message pour la Journée annuelle de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a déclaré que « la culture est la fleur qui éclot de l’être humain : fruit de notre esprit, produit de nos traditions et expression de nos aspirations. Sa diversité est source d’émerveillement et fait la richesse de l’étoffe de la civilisation ». Et Audrey Azoulay, la Directrice générale de UNESCO, a rappelé combien la pandémie avait « plongé le monde de la culture dans un vertige d’incertitudes, menaçant tout particulièrement les créateurs indépendants, qui font le sel de la diversité culturelle ».

L’art menstruel fait assurément partie de ces mouvements artistiques à la marge, militants, affranchis des normes, mais aussi salutaires car visant à dénoncer les tabous toujours présents dans nos sociétés, en l’occurrence celui des règles des femmes. Petite plongée au cœur de ce courant féministe qui peine encore à être reconnu à part entière.

Quand les règles deviennent un sujet d’art

Tout commence dans les années 60, en Allemagne avec les premières vidéos et performances de Valie Export, et aux Etats-Unis autour de la figure de Judy Chicago et des programmes d’enseignements qu’elle mène d’abord à Fresno (Université de Californie) puis à CalArts avec la Womanhouse en 1972, avec deux maîtres mots : réappropriation et subversion.

Emilie Bouvard, autrice d’une étude sur la « Présence réelle et figurée du sang menstruel chez les artistes femmes », décrit ainsi la première réalisation de Valie Export : « Nue sur un tabouret, filmée par sa sœur, l’artiste urine au moment de ses règles : le long du tabouret et sur le mur coule l’urine mêlée au sang. Le trouble transgressif est triple : sang menstruel et urine sont des matières réputées ignobles, le fait d’uriner procure un soulagement sinon un plaisir, celui de l’expulsion, lui-même tabou ». D’autres performances suivront, dans la même veine, relevant selon Valie Export d’un « actionnisme féministe », c’est à dire d’un art « à la fois féministe et violent ».

De son côté, Judy Chicago propose à ses étudiantes nourries de lectures féministes des séances collectives cathartiques où elle les invite à raconter leur quotidien de jeune femme, y compris les questions de honte liées à la fois aux règles et à la sexualité. Une démarche qui débouche progressivement sur la production d’œuvres de « cunt art », proposant dans une veine dadaïste et assemblagiste, « des tampons, des serviettes Kotex, des fleurs artificielles, du matériel de couture, des sous-vêtements, des appareils ménagers, tout ce qui brillait, du rouge à lèvres, des bijoux, des vieilles lettres et des journaux, des œufs, des entrailles animales, du sang, des sex toys, utilisés pour combiner ensemble ce qu’il y avait d’organique, d’artificiel, de sentimental et d’anti-esthétique dans notre art ». En 1971, Judy Chicago réalise sa première œuvre non minimaliste et abstraite, « Red Flag », une lithographie où l’on voit une femme retirer un tampon, et qui sera largement reproduite dans les revues d’art féministes.

Dans le même esprit, Gina Page proposera en 1973 à Paris une exposition de ses tampons usagés, tout simplement intitulée « Une semaine de mon sang menstruel » !

Des projets d’arts qui combattent le tabou des règles

En 2000, l’artiste Vanessa Tiegs lance le mouvement Menstrala, qui veut inviter les femmes à se réapproprier leurs règles en utilisant le sang pour en faire de l’art. Selon elle, c’est une manière de « s’empouvoirer en transformant ce que l’on considère trop souvent comme une plaie en ressource créative et intellectuelle positive ». Plus près de nous, une nouvelle génération d’artistes féministes émerge, et leur visibilité est accrue grâce aux réseaux sociaux, comme Instagram ou Facebook, dont elles maîtrisent parfaitement les codes (et les règles de censure).

Parmi ces artistes, on peut citer Fur Aphrodite qui utilise le sang menstruel comme un matériau naturel, et qui fait partie de collectifs comme « Action Hybride » ou « Ceci est mon sang ». Egalement Laetitia Bourget, qui au fil des ans, a peint avec son sang menstruel sur des mouchoirs pliés des dessins évoquant l’art primitif : une forme d’arte poverta qui puise sa force dans la répétition.

Sans oublier Joana Vasconcelos, qui s’est vue refuser l’entrée dans le château de Versailles, pour son œuvre La fiancée, constituée de 25.000 tampons hygiéniques. Ou encore l’artiste américaine Lani Beloso, avec son projet « The Period Piece ». Et bien d’autres, qui chacune à leur manière militent pour faire définitivement mentir ce passage du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir : « Chaque fois, la jeune fille retrouve le même dégoût devant cette odeur fade et croupie qui monte d’elle-même − odeur de marécage, de violettes fanées… L’adolescente découvre son sexe sous la figure d’une maladie impure et d’un crime obscur. C’est blessée, honteuse, inquiète, coupable, qu’elle s’achemine vers l’avenir ».

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